Adidas s’excuse auprès du peuple zapotèque après la polémique

Adidas se rend dans une ville indigène mexicaine pour s’excuser de la conception de ses sandales « Oaxaca Slip-On » Une affaire qui relance le débat sur l’appropriation culturelle et le respect des savoir-faire indigènes dans la mode.

« Le respect des savoir-faire indigènes ne peut plus être une option dans la mode : il doit devenir une règle. » – Miu Miu, 2025 Adidas se rend dans une ville indigène mexicaine pour s’excuser de la conception de ses sandales « Oaxaca Slip-On » Une affaire qui relance le débat sur l’appropriation culturelle et le respect des savoir-faire indigènes dans la mode. Le 21 août 2025, Adidas a présenté des excuses publiques aux habitants de Villa Hidalgo Yalalag, une communauté zapotèque située dans l’État d’Oaxaca au Mexique. La polémique est née après le lancement d’une sandale baptisée « Oaxaca Slip-On », jugée trop proche des huaraches traditionnels, un artisanat ancestral profondément enraciné dans l’identité culturelle locale.Face au tollé, la marque allemande de sportwear a dépêché sur place une délégation officielle, reconnaissant son erreur et s’engageant à collaborer directement avec les communautés concernées. Cet épisode met en lumière un débat brûlant dans la mode contemporaine : celui de l’appropriation culturelle et du respect des savoir-faire autochtones. BFM Business nous explique en vidéo. Adidas face aux critiques : une visite historique à Oaxaca Adidas n’avait sans doute pas anticipé l’ampleur de la réaction. L’annonce des « Oaxaca Slip-On » a immédiatement suscité des critiques, notamment sur les réseaux sociaux où de nombreux internautes mexicains ont dénoncé une récupération commerciale des huaraches sans aucune reconnaissance ni bénéfice pour leurs créateurs originels. Quelques semaines plus tard, Karen González, directrice juridique d’Adidas, s’est rendue personnellement à Yalalag pour présenter les excuses officielles de la marque. Un geste rare dans l’industrie de la mode, où les scandales liés à l’appropriation culturelle se règlent souvent par des communiqués de presse distants. Dans un communiqué, Adidas a affirmé vouloir « travailler main dans la main avec les communautés locales afin de mieux comprendre, préserver et valoriser leurs savoir-faire artisanaux ». Cette visite a marqué une étape symbolique : pour la première fois, une multinationale du sport reconnaît publiquement l’importance de la consultation et du respect des cultures indigènes. Willy Chavarria : l’hommage manqué Derrière la conception des « Oaxaca Slip-On » se trouve Willy Chavarria, designer mexicano-américain reconnu pour son travail à l’intersection entre streetwear et identité culturelle. Lors du lancement, Chavarria affirmait vouloir « rendre hommage » à ses racines mexicaines. Mais face à la polémique, il a dû admettre que l’absence de dialogue avec les artisans locaux avait transformé son intention en maladresse. Dans un message publié sur ses réseaux sociaux, il a déclaré : « Mon souhait était de célébrer le savoir-faire mexicain, mais je comprends que sans la participation des communautés, cela ne peut être perçu que comme une appropriation. » Ce mea culpa soulève une question fondamentale : jusqu’où une marque ou un créateur peut-il puiser dans un héritage culturel sans franchir la ligne rouge de l’exploitation ? L’affaire Adidas-Chavarria illustre à quel point la frontière entre hommage et appropriation reste fragile. Vers une mode plus respectueuse et inclusive La polémique des « Oaxaca Slip-On » n’est pas qu’un incident isolé : elle symbolise un tournant dans l’industrie. Les consommateurs attendent désormais des marques qu’elles s’engagent à la fois pour la durabilité environnementale et pour la justice culturelle. Pour Adidas, cette affaire peut devenir un catalyseur. En travaillant réellement avec les artisans zapotèques – et non simplement en s’en inspirant – la marque pourrait contribuer à préserver un patrimoine culturel unique, tout en créant des opportunités économiques pour les communautés locales. L’épisode pose aussi une question plus large : la mode du futur sera-t-elle capable d’allier créativité et respect ? Si les grandes maisons et les géants du sportswear veulent rester crédibles auprès des nouvelles générations, la réponse ne peut être qu’affirmative. L’affaire des sandales Adidas à Oaxaca montre que la mode n’est jamais neutre : elle transporte avec elle des histoires, des mémoires et des identités. S’inspirer sans respect peut transformer une création en scandale. Mais reconnaître ses erreurs, dialoguer et coopérer peut au contraire ouvrir la voie vers une industrie plus éthique et inclusive. En s’excusant publiquement auprès du peuple zapotèque, Adidas a franchi une étape rare, mais nécessaire. Reste à savoir si cette promesse de collaboration marquera réellement le début d’un changement durable dans la manière dont les marques abordent l’héritage culturel mondial.

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